Promesses et récompenses (Technique d’intervention)
Définition
L’éducateur s’engage à ce que le sujet obtienne un élément de la réalité auquel il tient, après avoir atteint un objectif quelconque d’acquisition de conduite adaptée à la situation. On signifie de façon tangible au sujet le fait qu’on reconnaisse l’acquisition de cette conduite adaptative.
Indications
On offre de la satisfaction ou du plaisir en échange d’un comportement adéquat. Autrement dit, c’est l’établissement et la conclusion d’une sorte de contrat. On renforce également une conduite, pas nécessairement incluse dans un contrat explicite de départ, mais dont l’avènement et la répétition apparaissent éminemment souhaitables. C’est un stimulant qui vise, à moyen terme, à faire découvrir le plaisir de la conduite en soi. Elle suppose un certain embryon de force ou de désir d’adaptation.
La réussite de l’emploi de cette technique suppose de la part du sujet une capacité de faire le lien, dans le temps, entre l’adoption de la conduite et la promesse de récompense. Autrement dit, de pouvoir percevoir et supporter le délai séparant le comportement de l’obtention éventuelle de la récompense, pour qu’au moment où il reçoit la gratification, il soit capable d’en saisir la logique. Il faut donc que la récompense ait une signification réelle par rapport au comportement. Elle ne devrait pas dépendre du hasard de la situation éducative ou d’une décision arbitraire de l’éducateur à un moment donné.
Contres-indications
Sans capacité minimale d’acquisition à moyen terme d’un plaisir intrinsèque, elle soulève toute la question du conditionnement dont les effets sur la conduite disparaissent , quand il y a absence du renforçateur qui constitue la source initiale de plaisir. Certains sujets peuvent avoir de la difficulté à apprécier le rôle qu’ils jouent par rapport au résultat d’une de leurs conduites, que ce soit dans un contexte d’adaptation négative ou positive.
Ils ont alors également de la difficulté à percevoir la signification de la gratification obtenue en lien avec leur propre conduite. Dans sa définition même, cette technique se distingue fortement d’un nivellement des gratifications, où tous les sujets reçoivent des gratifications plus ou moins indépendamment des conduites adoptées, donc de façon gratuite.
Toujours par définition, cette technique est discriminatoire, donc susceptible de provoquer dans un groupe des jalousies, frustrations, incompréhensions, sentiments d’injustice, impressions de favoritisme, etc. Tous les sujets devraient avoir, dans le cadre d’une évaluation de type formatif et critérié, la possibilité d’obtenir des gratifications. Avec des sujets en difficulté, cette gratification ne devrait pas être le seul produit d’une évaluation normative et sommative.
L’emploi de cette technique peut, pour certains sujets, être une occasion de marchandage sans lien réel avec une volonté d’adaptation ou sans autoévaluation adéquate de leur possibilité d’obtenir effectivement la gratification reliée à la conduite. Ce marchandage prend souvent la forme de tentatives de modification d’un contrat préalablement établi pour ne pas perdre la récompense promise.
Cette difficulté à évaluer et à percevoir son propre comportement peut amener le sujet à juger l’éducateur comme quelqu’un qui ne tient pas ses promesses. Cette technique, qui vise à supporter une démarche adaptative, risque alors d’avoir l’effet pervers de démobiliser et de désengager le sujet vis-à-vis de la conduite souhaitée.
L’emploi répétitif de cette technique peut venir pour certains sujets en opposition avec des objectifs d’apprentissage de la gratuité. D’une certaine façon, avec ces sujets, il sera même important de donner des gratifications ans entente contractuelle préalable et parfois, même si le comportement n’a rejoint qu’en partie celui qui était souhaité. Ce peut être souvent le seul moyen de briser le cercle de l’inhibition créatrice (agir = culpabilité).
Comment citer
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2 réponses à «Promesses et récompenses (Technique d’intervention)»
Il serait intéressant de parler des sources suivantes:
-Garon, B. et Roy, M. (1996) comprendre le comportement humain: observer analyser, intervenir. Québec: édition behaviora, (pp329-359) - Redl. F. et Wineman, D. (1964) L'enfant agressif. Tome 1 le moi désorganisé Paris, Fleurus. - Redl. F. et Wineman, D. (1964) L'enfant agressif. Tome 2, Méthodes de rééducation. Paris, Fleurus.
Il serait intéressant d’ajouter les informations et les exemples provenant de l’ouvrage suivant :
Trudeau, H., Desrochers, C., & Tousignant, J.L. (1997). Et si un geste simple donnait des résultats. Guide d’intervention personnalisée auprès des élèves. Montréal, QC Chenelière/McGraw-Hill