Toupie (Psychoéducation)
La « toupie » et en particulier la « Toupie de Gendreau » (Renou,2005) est une appellation fréquemment donnée en psychoéducation au modèle de la structure d’ensemble (Gendreau, 2001)
Cet article ne vise pas à expliquer la structure d’ensemble, qui est expliquée dans l’article « Structure d’ensemble », mais à discuter des avantages et désavantages de l’appellation « Toupie ».
Introduction :
La structure d’ensemble – ou modèle structural — a été publiée pour la première fois par Gilles Gendreau en 1978 dans le livre «L’intervention psycho-éducative Solution ou défi?». Elle a depuis été améliorée et retravaillée notamment par Gendreau (Gendreau 2001; Gendreau, Prince, & Bernier, 2005) et Renou (2005). Comme le souligne Renou (2005), ce modèle est familièrement connu par le psychoéducateurs sous le nom de la « Toupie de Gendreau ». Dans cet article nous souhaitons brièvement retracer les raisons de cette appellation ainsi que les avantages et désavantages.
Origine de l’appellation
Il est difficile de retrouver les origines d’une appellation. Ce qui est certain c’est que cette appellation s’est développée parmi les intervenants et a gagné en popularité jusqu’à être utilisée par des auteurs centraux tels que Gendreau lui-même, (Gendreau, 2001, Gendreau & Boscoville 2000, 2003,Gendreau, Prince, & Bernier, 2005b) ou Renou (2005).
Gendreau affirme même que la toupie est devenue « le symbole de la structure d’ensemble du modèle psychoéducatif » (Gendreau, Prince, & Bernier, 2005b)
Raison et avantages
Les raisons de cette appellation sont nombreuses. La première est évidemment l’apparence de la structure d’ensemble qui peut effectivement faire penser à une toupie.
Gendreau (2001)
Toutefois, au-delà de l’apparence on peut citer un certain nombre de raisons à cette appellation. D’abord, elle permet d’illustrer la notion d’équilibre en intervention puisque la toupie, tout comme l’intervention, doit rester en équilibre. Ensuite, elle permet d’illustrer le caractère dynamique de l’ensemble des composantes de la structure d’ensemble (Gendreau, 2001 ; Grégoire 2012) en ce sens qu’une toupie doit rester en mouvement pour rester en équilibre. Cela s’applique également à la structure d’ensemble. En troisième lieu, elle permet d’illustrer le fait que la structure d’ensemble est un système global (Gendreau 2001) puisque si on enlève un élément de la structure d’ensemble, tout comme si on retirait un élément à une toupie, elle ne pourra plus tourner et ni rester en équilibre.
Au niveau de son illustration, la pointe de la toupie repose sur la composante « intervenant » de la structure d’ensemble, c’est donc lui qui est responsable de l’équilibre. En d’autres mots, c’est lui qui s’assure que l’ensemble des composantes forme un tout cohérent. Le sujet se trouve quant à lui tout en haut de la toupie, c’est-à-dire à l’endroit où l’on tient et d’où l’on donne l’impulsion. Cela illustre que tout est organisé en fonction du sujet. En effet, la structure d’ensemble doit être actionnée par le haut puisque si elle était actionnée par le bas elle perdrait son équilibre. Cela met en valeur le fait que les conditions de l’activité doivent être organisées en fonction du sujet tout en tenant compte des possibilités de l’éducateur et de l’environnement (Renou, 2005).
L’image de la toupie est ainsi une façon de démystifier la complexité et de faciliter la compréhension de la structure d’ensemble et de l’intervention psychoéducative (Grégoire 2012).
Critiques
Grégoire (2012) a relevé trois principales critiques quant à l’utilisation de l’appellation Toupie pour représenter la structure d’ensemble. D’abord, il considère que cette dénomination manque de sérieux, qu’elle ne manifeste pas de respect pour notre champ professionnel et qu’elle ne stimule pas les autres spécialistes à respecter notre domaine. Le Tableau 1 rapporte les propos exacts de M. Grégoire afin de soutenir ses critiques.
Tableau 1 : Critiques de l’appellation Toupie (Grégoire, 2012, p. 119-120).
« Gendreau publie en 1978 L’intervention psycho-éducative: solution ou défi ?, ouvrage dans lequel il présente sa « Structure d’ensemble d’un milieu d’intervention » et ses notions d’organisation, d’animation et d’utilisation. Au sujet de la « Structure d’ensemble » qui deviendra dans l’ouvrage de 2001 qu’il signe avec des collaborateurs la « Structure d’ensemble de l’intervention psychoéducative », j’avoue en avoir assez depuis des années d’en entendre parler comme de la toupie à Gendreau ! Essentiellement, je m’insurge contre le fait qu’une des rares conceptions originales et fondamentales en psychoéducation ait été et soit encore affublée du surnom de « toupie » sous prétexte que cela en facilite la compréhension, en illustre le caractère dynamique et même en démystifie la complexité. Je décrie également le fait qu’en cours de formation les étudiants se font encore parler non pas de la « Structure d’ensemble d’un milieu d’intervention » mais bien de la toupie tant par des professionnels accompagnateurs et superviseurs que par des professeurs. Enfin, il me semble qu’il nous faut manifester un respect minimal pour notre champ professionnel si nous souhaitons que d’autres spécialistes nous reconnaissent et nous respectent. Et j’ajouterais que ma critique sur l’usage du mot « toupie » pour qualifier la structure d’ensemble vaut également pour les intervenantes et intervenants qui travaillent dans nombre d’unités où, sous forme de poster d’environ trois pieds par quatre, la structure d’ensemble est affichée au mur. »
Bibliographie :
Gendreau, G. (1978). L’intervention Psycho-éducative solution ou défi ?, Paris, France : Fleurus.
Gendreau, G. (2001). Jeunes en difficulté et intervention psychoéducative. Montréal, QC : Édition Béliveau
Gendreau, G., & Boscoville 2000 (2003). Le modèle psychoéducatif : Module 3 disque 1 : La structure d’ensemble et la composante sujet [DVD]. Montréal, QC : Boscoville 2000 et les recherches actions Gilles Gendreau.
Gendreau, G., Prince, D., & Bernier, M. (2005a). Fiches d’exercices. Module 3 : La structure d’ensemble et la composante « sujet ». Montréal, QC : Boscoville 2000.
Gendreau, G., Prince, D., & Bernier, M. (2005b). Manuel d’accompagnement Module 3 : La structure d’ensemble et la composante « sujet ». Montréal, QC : Boscoville 2000.
Grégoire, J.C. (2012). À propos de la psychoéducation, un bref aperçu historique. Revue canadienne de psychoéducation, 41(2), 121-136.
Renou, M. (2005). Psychoéducation, une conception, une méthode. Montréal, QC : Science & Culture.
Comment citer
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